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Le punk rock n'est pas une musique tombée du ciel. Il provient d'expérimentations musicales faites aux USA (stooges, MC5, New York Dolls mais aussi le Velvet Underground qui est le point de départ) ou en Allemagne (la scène dite Krautrock : Can, Faust).

Le punk est la volonté de faire correspondre la musique à la rage. Les instruments de musique sont utilisés brutalement, il n'y a pas de solos, le son est agressif et saturé, la sophistication est refusée.

Puis à côté de ce punk destroy se développe le punk-rock, qui défend la mélodie et une option sociale positive et non pas seulement négative, la cold wave qui amène le punk à une sophistication glacée et glaciale, le hardcore qui veut ajouter l'émotion à la violence...

 

 Le Punk a un ancêtre américain : les STOOGES.

Fondé en 1967 par James Osterberg (devenu Iggy Pop) avec les frères Asheton et Dave Alexander, ce groupe parallèle au Velvet Underground marque l'arrivée d'un son brut, puissant et violent.

A côté des STOOGES on trouve également Patti Smith, les MC5, TELEVISION, les NEW YORK DOLLS mais aussi le Velvet Underground qui fait s'orienter le rock vers des sonorités expérimentales.

 Cette culture musicale, qui passe par le club de New York le CBGB ouvert en 1973, aboutira aux USA à la naissance d'un groupe de punk-rock mythique : les RAMONES.

Le groupe joue comme qui dirait la même chanson, une sorte de punk-rock rapide, mélodique et accrocheur, avec des textes simples, ni engagés ni vraiment destroy, parfois provocateurs.

Mais c'est en Angleterre que naît le punk, dix ans plus tard, avec trois groupes phares : les Sex Pistols, les Clash et les Damned.

 

  SEX PISTOLS, tel est le nom du groupe lançant tout le mouvement Punk en 1976-1977. Un album plutôt punk-rock avec une énergie débordante, des titres rageurs (anarchy in the UK) et un texte allant avec (God save the Queen / Her fascist Regime), une attitude destroy (Sid Vicious s'automutilant sur scène) et at last but not least : un manager.

Malcolm McLaren orchestre l'aventure. Le groupe est fondé dans le magasin "Sex" de sa compagne d'alors, la créatrice de mode Vivian Westwood. Le film "The Great Rock'n Roll Swindle" (La Grande Escroquerie du Rock'n Roll) marque la fin hyper rapide avec la mort par overdose de Sid Vicious.

 

 Leur Anarchy Tour de 1976 se fait avec le second groupe phare : les Clash.A l'opposé des Sex Pistols et de leur rage nihiliste et du trip No Future, les CLASH ont une démarche plus socialement engagé et assumant clairement sa filiation historique avec le Rock, pour mieux la dépasser et aller vers le reggae, le dub....

Des albums de grande qualité et des concerts mythiques aboutiront à une longévité les amenant jusqu'au début des années 1980.

 Le troisième grand groupe Punk est le moins connu.

Les DAMNED ne se sont jamais pris au sérieux et sont toujours restés dans l'ombre, malgré des titres incontournables (New Rose, Neat Neat Neat, Lovesong) et toute une série d'albums les amenant jusque les années 2000.

Leur tradition vient directement de la scène américaine ayant précédé le Punk : les Stooges, les MC5, les New York Dolls.

Après un début en trombe feraillant sur le punk le plus mélodique, le groupe s'orientera vers une option plus punk-rock voire parfois carrément gothique.

 

 

 Cette option gothique est également le choix de SIOUXSIE AND THE BANSHEES.

Si au départ Siouxsie fait un scandale (purement gratuit) lors d'un concert organisé ensemble avec les Clash et les Sex Pistols en arborant un brassard à croix gammée, l'imagerie et la musique punk (du premier album The scream) cède vite à une mise en avant de l'imagerie gothique et d'une musique devenant ce qu'on appellera la cold wave.

La violence punk se transforme en musique intimiste froide quittant de plus en plus l'origine rock'n roll, pour former ce qui s'appellera cold wave, gothique, new wave.

 Après un début punk sous le nom de WARSAW, JOY DIVISION explore en premier le terrain de la cold wave en partant du punk, en étant profondément influencé par le Velvet Underground.

Avec deux albums (Unknown Pleasures en 1979 Closer en 1980) et une série de concerts marquée par l'aura du chanteur épileptique Ian Curtis, qui se suicide en 1980, Joy Division fonde le punk froid.

 

 

 Après un début lui aussi dans les marques du punk, les CURE conservent la violence des instruments et de la démarche pour continuer le punk froid parallèlement à Joy Division.

Avec leur la fameuse trilogie des albums 17 seconds, Faith et Pornography, les Cure fondent et perpétuent un nouveau courant musical, issu du punk dans sa rage mais choisissant le parti pris de l'intimité, à l'opposé des groupe continuant l'esthétique punk dans la lignée des sex pistols.

 Le groupe phare de la continuation de l'option punk destroy est THE EXPLOITED. Les auteurs du fameux slogan "punks not dead" commence en 1979 ont connu un véritable succès commercial, notamment grâce au mythique "Troops of tomorrow" (1982).

Une musique brutale, consistant en un appel à la violence rageur et nihiliste, telle est l'option d'exploited, qui met en avant une esthétique punk classique jusqu'à aujourd'hui.

Le groupe est connu pour ses attitudes destroy ainsi qu'un public nihiliste allant avec et cautionné par le groupe, qui n'a d'ailleurs pas hésité à jouer à la fête célébrée en mémoire du néo-nazi Ian Stuart, fondateur du "Rock Against Communism".

 

 

 Cette option "nous sommes incompris nous avons le droit de tout casser" est également le leitmotiv de SHAM 69, qui lui aussi attire un public punk et skinhead. Leur tube "If the Kids are United" résume tout.

Ce courant donnera bientôt la musique oï (4-skins, Cockney Rejects, Cocksparrer, Angelic Upstarts) et s'éloignera définitivement de l'esthétique et de la musique punk, quelques groupes faisant parfois des passerelles.

 A l'opposé du courant fusionnant avec la oï et le populisme le plus débridé, le plus souvent en Angleterre, les USA sont marqués par une série de groupes mythiques fondant une attitude punk positive et engagée.

Les DEAD KENNEDY'S (avec les tubes California über alles, Holiday in Cambodia, Nazi punks fuck off) sont bien entendu le groupe le plus célèbre, à côté de BLACK FLAG.

 

 

 Cette version plus "speedée" du punk a abouti au courant hardcore (voir l'histoire du Hardcore) comme Minor Threat, mais une tendance est restée punk dans une version musicale très agressive (GBH, UK Subs ou encore D.O.A. et bien entendu DISCHARGE).

Ce courant, associé à un discours ultra-revendicatif et militant, a littéralement explosé en Suède dans les années 1990 sous le nom de KÄNGPUNK (Schengpounk, le punk des bottes).

 

 En fait ce courant est très proche de ce qu'on a appelé l'anarcho-punk ou "CRUST", qui a été profondément marqué par CRASS.

Dans une veine musicale beaucoup plus expérimentale et plus difficile d'accès, CRASS reste en effet la référence dans ce registre esthético-politique, en possédant une influence culturelle indéniable sur toute la scène punk réellement lié aux structures alternatives et militantes (surtout les squatts).

"Our name is CRASS not CLASH", "punk is dead" : une nouvelle scène se forme, issue du punk.

Sur le label fondé par CRASS on trouve justement CONFLICT, le second groupe mythique de l'anarcho-punk. Revendiquant un esprit pacifiste de refus total du système dans une musique où de longs textes sont lus, CONFLICT a marqué l'avènement d'un nouveau style, alliant revendication politique (squatt, vegan), do it yourself (autoproduction, refus des circuits commerciaux)...

  Dans cette mouvance issue du "PUNK IS DEAD" de CRASS et la mise en avant d'une nouvelle forme de Punk, citons sub-humans, qui a un long parcours dans cette veine...

  Mais aussi Oi Polloi, qui a totalement abandonné son attitude skinhead du début pour assumer l'esprit Conflict à tous les niveaux...

 

Des versions plus "relax" ont également vu leur jour, dans des versions "pubs"-bars.

Ian Dury & the blockheads, auteur du fameux "Sex, drugs & rock'n roll", en est l'archétype, mais on trouve aussi le chanteur engagé Attila the Stockbroker.

 

 

 A côté des groupes interprétant le punk à chaque fois dans une veine différente, plusieurs groupes tentent de définir une orientation plus simple, plus mélodique aussi, principalement les BUZZCOCKS (Another music in a different kitchen puis Love bites en 1978, A different kind of tension en 1979).

On trouve également les Undertones, X-Ray Spex, les Au Pairs, les Adverts, les 999 et bien sûr les Stiff Little Fingers...

On trouve également l'option intellectualisante, de groupes mélangeant les éléments du punk à de nouvelles orientations. Les groupes principaux sont XTC [extasy], l'un des groupes les moins connus mais les plus réputés pour ses travaux orientés vers une sorte de pop alchimique, THE FALL (Hip Priest & Kamerads, Perverted by language) avec une orientation punk-dadaïste-ultra engagé et aussi les STRANGLERS.

Auteur de concerts violemment poursuivis par la police pour leur aspect violent et esthétiquement ultra-provocants, les Stranglers passeront à l'utilisation d'orgue à la Doors pour une perspective intimiste intellectualisante.

 

Certains groupes punkquittent le rock pour s'orienter vers la Soul music.

Le groupe phare de cette tendance est les JAM, avec des albums entre pop et punk (This is the modern world, The gift).

Les JAM sont issus du courant des "mods" (dans la lignée des WHO) et très influencés par la soul; le groupe donnera par la suite le groupe franchement soul STYLE COUNCIL.

Clairement orientés à l'extrême-gauche, le groupe est dans une tradition de rock et de soul music marquée par les REDSKINS ou encore (bien que plus éloigné) BILLY BRAGG.

 

 

 Enfin, les RUTS ont été l'un des groupes les plus innovateurs et les plus brillants en combinant punk mélodique ultra agressif et reggae.

Un monde étrange avec l'hymne sauvage "Human Punk", le classique reggae "Jah War" ou le radical "Babylon's burning" et tous les aspects du punk réunis en un seul groupe.

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Qu'est devenu le punk dans le courant des années 1980, dans les années 1990 et jusqu'à maintenant? Une histoire est difficile à faire.

Une des raisons principales est l'explosion de la scène dite "néo", pour néo-métal, qui est diffusée 24 heures sur 24 sur MTV2 et fait du punk ainsi que du métal une musique frelatée.

Le phénomène Grunge, nié par les punks mais plébiscité par les jeunes alors, a sans nul doute joué un rôle dans cette démocratisation / commercialisation de l'esthétique punk, culminant avec Avril Lavigne.

Une autre raison est que beaucoup de groupes des années 1980 réapparaissent pour faire des tournées ou des albums, en faisant ainsi des groupes classiques du circuit commercial (comme les Béruriers Noirs en France par exemple).

Comment considérer un groupe comme Rancid, groupe punk jouant trop bien et dont l'esthétique destroy est quand même trop "clean" ?

L'avenir appartient sans nul doute aux groupes "vrais", qui déchirent tout sur leur passage, musicalement comme sur scène :Anti-Flag, Propagandhi, Leftöver Crack, Antimaniax...

 

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